Juillet 2025 | Tony MAINGOUTAUD
Le management visuel : le "game changer" du partage d'information.
Ouvrez n’importe quel réseau social, regardez un journal télévisé ou assistez à une réunion d’entreprise, et vous verrez une constante : des visuels partout. Graphiques colorés, infographies dynamiques, cartes interactives, vidéos explicatives…
À l’heure où tout va plus vite, la visualisation de l’information s’impose comme le moyen le plus direct et le plus efficace pour faire passer un message.
Mais pourquoi cet engouement ? Qu’est-ce que cela change dans notre manière de comprendre le monde ?
Notre cerveau est une véritable machine de traitement de l’image. Selon les neurosciences, 90 % des informations transmises au cerveau sont visuelles. Un individu retient 10% de ce qu’il entend, 20 % de ce qu’il lit, et 80% de ce qu’il voit. (Marketing Statistics 2024 Hubspot)
De plus, il ne lui faut que 13 millisecondes pour interpréter une image, cela veut dire qu’en une fraction de seconde, vous captez l’essentiel d’un visuel. À l’inverse, la lecture d’un texte demande un effort cognitif séquentiel, mot après mot, phrase après phrase.
Prenez l'exemple des cycles du sommeil. Lire une longue explication sur ses différentes phases (endormissement, sommeil léger, sommeil profond, sommeil paradoxal) peut vite devenir un peu lourd. Il faut se concentrer, retenir chaque détail pour tout appréhender. Par contre, si vous voyez une infographie qui montre ces phases sur une nuit avec des symboles clairs pour chaque étape, la compréhension est presque immédiate.
Exemple : Explication du Cycle du sommeil en image - Inserm
C’est pourquoi une bonne infographie, une carte bien pensée ou un schéma clair peuvent faire comprendre en un clin d’œil ce qu’un long paragraphe peinerait à expliquer.
Comme on dit : ”Une image vaut mille mots”
La visualisation de l'information, c’est aussi un outil de pouvoir.
À l’heure où notre attention est sans cesse sollicitée ; notifications, vidéos, messages… capter rapidement l’attention devient essentiel. Dans le domaine politique par exemple, elle est utilisée pour influencer, rassurer ou convaincre. Souvenez-vous de Donald Trump brandissant un graphique en plein discours pour montrer les nouvelles taxes de sa politique concernant les taxes de douane, ou d’Emmanuel Macron montrant une carte de l’Ukraine en pleine crise géopolitique. Ce ne sont pas des décorations : ce sont des instruments de communication très calculés.
Un graphique peut dramatiser une situation ou, au contraire, la rendre rassurante selon la manière dont on l’oriente. Et c’est là que réside une partie de son pouvoir : le cadrage visuel d’un sujet peut orienter notre perception sans qu’on en ait conscience. C’est pourquoi, aujourd’hui, les campagnes électorales ne se contentent plus de slogans : elles s’appuient sur des visuels percutants, des vidéos virales, des infographies faciles à partager.
L’éducation n’échappe pas à cette transformation.
De plus en plus, les enseignants remplacent les listes linéaires par des cartes mentales, qui reflètent la pensée associative de nos esprits. Ces représentations arborescentes favorisent la mémoire, la compréhension et la créativité. Un élève qui visualise une leçon au lieu de la mémoriser mécaniquement en retiendra davantage, car il l’aura reconstruite, réorganisée selon sa logique (l’information est cartographiée en profondeur dans le complexe neuronnal car plus de fonctions sont sollicitées). Cela réconcilie les pédagogies actives avec les neurosciences, en faisant des apprenants non plus de simples récepteurs, mais des bâtisseurs de leur propre savoir (car il y a plus de chemin pour accéder à l’information)
Un bon visuel n’est pas un luxe, c’est une nécessité
À l’heure où chaque seconde d’attention est disputée par des dizaines de contenus, il ne suffit plus d’être pertinent, il faut être percutant. Un bon visuel permet de présenter une donnée, certes, mais surtout de la faire exister dans l’esprit de celui qui la reçoit. C’est pourquoi les meilleures communications allient désormais texte, image, interaction. Une infographie statique ne vaut pas une carte interactive qu’on explore. Un simple schéma peut devenir une expérience engageante s’il est bien conçu.
La carte interactive des résultats d'élections sur un site d'actualité est un excellent exemple. Au lieu d'un tableau rempli de chiffres ou d'une liste sans fin, l'utilisateur peut cliquer sur sa région, zoomer sur sa ville. Et hop ! Elle visualise instantanément les pourcentages par parti, les sièges gagnés, et même le nom du député élu. Cette façon d'interagir transforme une information brute en une expérience personnalisée et captivante. L'utilisateur n'est plus juste un lecteur, il explore, ce qui renforce la compréhension et la mémorisation des enjeux.
Carte interactive pour les résultats des élections législatives 2024
LeMonde.fr
Une solution aux défis d'aujourd'hui
La visualisation de l’information n’est pas une simple tendance à la mode. Elle permet de transformer des données compliquées en informations claires et utiles. Elle aide à prendre des décisions plus facilement et rend le savoir accessible à tout le monde. Mais pour qu’elle soit efficace et honnête, il faut faire attention à la façon dont on crée ces images, et rester vigilant sur ce qu’elles montrent. Car derrière chaque image, il y a un message, une intention, c’est ce qui donne tout son pouvoir – et toute sa valeur – à la communication visuelle d’aujourd’hui.
C'est pour toutes ces raisons que le management visuel de l'information est devenu si important, surtout dans des domaines comme le design de service ou le design stratégique. Quand on conçoit un nouveau service ou qu'on étudie une évolution, l'objectif est de rendre la solution claire et simple pour l'utilisateur. Comme cet objectif est des plus complexe, il faut aligner les équipes sur une "vision" . On utilise alors des outils visuels comme des mapping de parties prenantes, des experience map, des parcours utilisateurs pour organiser nos idées.
Ces approches visuelles nous aide à comprendre des systèmes parfois complexes, à repérer où l'utilisateur pourrait rencontrer des difficultés, et à créer des expériences fluides. En bref, la visualisation rend l'information accessible et facile à comprendre pour tout le monde, qu'il s'agisse des équipes projet, des clients, des partenaires, ils ont tous besoin de comprendre rapidement et simplement les informations exposées.