Aujourd’hui le numérique représente 4,4% de l’empreinte carbone de la France, soit autant que l’aviation civile ou l’ensemble de notre flotte de camions…

Mais l’empreinte environnementale du numérique ne se limite pas aux GES, elle touche à la consommation énergétique, les matières premières, mais aussi l’accumulation de déchets très nocifs et non recyclés / recyclables.

Quand on parle des impacts du numérique, et de numérique responsable il ne faut pas négliger les aspects sociaux et éthiques : discrimination à l’usage, conditions de travail difficiles (exposition à des produits/matériaux dangereux entre autre), situations de dépendance…

Pour vous faire toucher du doigt l’impact du numérique sur la sphère environnementale et sociale, et vous donner envie de vous intéresser au numérique responsable, voici quelques données clé autour de 3 thématiques.

Environnement

Quand on parle de l’impact du numérique sur l’environnement, de quoi s’agit-il exactement ? Certes il y a l’empreinte carbone, mais c’est loin d’être le seul indicateur à connaitre. Le numérique génère de la pollution, consomme des matières premières en très grande quantité (on parle d’épuisement des matières premières), de l’eau (beaucoup d’eau…), de plus en plus d’énergie.

• 200 kg de matière pour fabriquer un smartphone (d’environ 150 g.)
  C’est 800 kg pour un ordinateur de 2 kg, et 32 kg de matière pour fabriquer une puce de 2g. La fabrication d’un téléphone portable requiert 60 métaux différents, dont une vingtaine seulement sont actuellement recyclables. Et seulement 16 % des téléphones sont collectés pour être dépollués. Quand on sait que 30 millions de téléphones (dont une grande partie encore utilisables ou réparables) dorment dans nos tiroirs, ça fait beaucoup… ^1,2

• Les 3/4 de l’emprunte environnementale des appareils vient de la fabrication
  Il y a donc un énorme enjeu à allonger la durée de vie des appareils, mais surtout à faire changer les comportements des usagers ; nous changeons de téléphone portable en moyenne tous les 2 ans alors que dans 88% des cas, ils sont encore en état de fonctionne.³

• 11% de la consommation électrique en France est liée au numérique
  Contrairement aux idées reçues ce ne sont pas les immenses installations dédiées aux serveurs et data-centers qui sont les plus énergivores : les trois quarts de la consommation reviennent aux appareils qui équipent les particuliers et les professionnels. Un peu moins de 20% revient aux datacenters, le reste couvrant les réseaux et infrastructures.⁴
  

Ethique

Vous vous rappelez du scandale Cambridge Analytica ? Les données de 87 millions de profils Facebook exploitées sans le consentement de leurs propriétaires, pour cibler des campagnes politiques lors de l’élection américaine de 2016.

Un exemple qui illustre assez bien les dérives éthiques du numérique autour de la protection des données personnelles.

Dans la sphère éthique du numérique responsable, les sujets liés à l’attention sont souvent pointés du doigt, en particulier sur les cibles jeunes avec des chiffres qui font froid dans le dos.

• 237 notifications par jour en moyenne pour les 11-17 ans
  20% de cette tranche d’âge en reçoit plus de 500… Et une bonne partie de ces notifications sont reçues sur les horaires scolaires.
  Difficile d’imaginer, dans ces conditions, un apprentissage et des interactions sociales de qualité. Un constat d’autant plus choquant que les mécaniques mises en places par les réseaux sociaux pour capter et monopoliser l’attention de ces utilisateurs sont savamment étudiées et orchestrées, en toute connaissance de cause.⁵

• 2,5 milliards : Meta cumule à ce jour 2,5 milliards en amendes diverses liées à la (non) protection des données
  Une dernière sanction a été prononcée en septembre 2024 par la Commission Irlandaise de protection des données (équivalent de notre CNIL) pour un montant de 91 millions d’€ pour avoir stocké des mots de passe en clair.
  Le Groupe reconnait avoir stocké 36 millions de mot de passe de Facebook et Instagram, en clair dans des parties de son infrastructure qui n’étaient pas destinées à stocker des données aussi sensibles.⁶

• 30% des sites e-commerce divulguent des données utilisateurs à des tiers (tracking, Facebook, etc.)
  Cette étude met en lumière que quelques interactions entre un utilisateur et des sites e-commerce suffisent pour entrainer une violation massive de ses données personnelles. Ces données sont souvent partagées avec des plateformes comme Facebook qui les utilise pour établir des profils utilisateurs et les relier à des compte de médias sociaux. Etude “I Know What You Bought Last Summer” Cornell University 2025. ⁷
  

Inclusion

Le numérique est souvent présenté comme un accélérateur incroyable, permettant d’abolir les limites de l’espace, du temps, de la langue… en facilitant de nombreuses démarches, en offrant un accès à l’information transparent et globalisé, et en permettant une communication fluidifiée. Cela est vrai, mais pas pour tout le monde. Le numérique est aussi un vecteur de discrimination. Illectronisme, et retard généralisé sur l’accessibilité impactent les utilisateurs déjà fragilisés : les personnes handicapées, les personnes âgées, les personnes ayant fait peut d’études…

• 54% des français éprouvent au moins une forme de difficulté qui les empêche d’effectuer des démarches en ligne ⁸

• 48% éprouvent au moins un frein qui les empêche d’utiliser pleinement les outils numériques ⁸

Plus globalement, 15% de la population française rencontre des difficultés, voire une incapacité, à utiliser les appareils numériques et les outils informatiques en raison d'un manque ou d'une absence totale de connaissances. Ce sont les plus âgés et les moins diplômés qui sont le plus touchés.

L’accessibilité est un autre parent pauvre du numérique, malgré des obligations légales au niveau Européen et Français.

L’accessibilité numérique a pour mission de rendre les produits numériques accessibles aux utilisateurs en situation de handicap. La notion de handicap s’est progressivement élargie à toutes les formes de contraintes d’ordre physiques ou sensorielles, temporaires ou durables. Le but est de répondre aux besoins de chaque utilisateur. Cela concerne plusieurs millions de personnes en France : 7 millions de personnes en France vivent avec un handicap (INSEE 2023).

Et pourtant :

• Seul 1 site sur 50 en France respecte les obligations de conformité
  et publie un taux de conformité à 100%.⁹

• 52% des sites ont un taux de conformité inférieur à 50%.
  Les sites e-commerce sont à la traine avec un taux de conformité autour de 36%.⁹

  
  

Un numérique non, ou peu accessible, renforcent l’exclusion des personnes en situation de handicap en les privant de nombreux services essentiels : démarches administratives, accès à l’éducation, à l’emploi, aux soins ou à l’information. Cela renforce leur isolement, limite leur autonomie et aggrave les inégalités sociales.

Conclusion

Ces quelques chiffres vous auront surement convaincus de l’importance de l’impact significatif du numérique sur la sphère sociale et environnementale. Et pour enfoncer le clou : l’ADEME prévoit que si rien n’est fait, les émissions de gaz à effet de serre liées au numérique tripleraient d’ici à 2050. Et la consommation d’électricité connaitrait une hausse de 80%.

Au delà des bonnes pratiques de base ; pour creuser le sujet, et identifier des actions à mettre en place dans vos organisations vous pouvez déjà participer à une fresque du numérique. Et ensuite, il existe de nombreux formats de formation autour du numérique responsable (adaptés aux différents métiers de l’entreprise), notement celle proposées par Design Ethique.

Sources 

1 : Agir pour la Transition (ADEME), "Comment garder son smartphone plus longtemps possible",  agirpourlatransition.ademe.fr

2 : Interview Erwann Fangeat, ingénieur à l’ADEME

3 : Numérique.gouv.fr, "Actualisation de l'impact environnemental du numérique par l'ADEME",  ecoresponsable.numerique.gouv.fr

4 : France Nature Environnement (FNE), "Les smartphones : des téléphones pas si smart pour l'environnement", disponible sur fne.asso.fr

5 : Numérique.gouv.fr, "Actualisation de l'impact environnemental du numérique par l'ADEME",  ecoresponsable.numerique.gouv.fr

6 : Common Sense Media, "2023 Smartphone Research Report", disponible sur commonsensemedia.org.

7 : "I Know What You Bought Last Summer: Investigating User Data Leakage in E-Commerce Platforms", disponible sur arxiv.org.

8 : Crédoc pour l’Arcep, le CGE, l’ARCOM et l’ANCT, "Baromètre du numérique 2022", disponible sur arcom.fr.

9 : Contentsquare Foundation, Temesis, Numérik-ea et Oocity, "Baromètre de l'accessibilité 2023 (50 sites France)", disponible sur join.contentsquare-foundation.org.